JEC InFOs - Page 17 /N°48 - Octobre 2012

Section Casinos et Cercles de Jeux

Hervé HOBBÉ Secrétaire de la Section fédérale Tél: 06 65 52 48 03 - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 NÉGOCIATION COLLECTIVE DES MINIMA : REBELOTE, ÇA COINCE !

La dernière commission paritaire, fixée au 5 et 6 septembre, devait aborder la négociation des minima conventionnels. Rappelons que cette négociation déterminante est fermement attendue dans les entreprises, où de plus en plus de salariés glissent lentement vers le seuil de pauvreté.

Pour rappel, les syndicats patronaux "ont freiné des quatre fers", sur la problématique des minima, selon les cyniques propos de leur propre porte-parole. Cette situation et ce blocage patronal volontaire ont entraîné un inéluctable effet de rattrapage, et les niveaux les plus bas de notre Convention Collective se sont retrouvés, de facto, en dessous du SMIC. Force Ouvrière s'est appuyé au printemps sur la Loi WARSMANN qui venait d'être promulguée, pour contraindre le patronat à renégocier. Et cela a marché, dès lors que nos revendications étaient fortes et avant tout coercitives. Afin de sauver la face, les patrons ont proposé des revalorisations des minima que nous avons acceptées, prenant rendez-vous en septembre, pour la renégociation salariale "traditionnelle", et faisant le vœu d'un dialogue social remis sur de bons rails.

Cette déclaration de bonnes intentions n'aura pas survécu à la trêve estivale, et lors de la paritaire de septembre, une fois de plus, le discours patronal avait changé. Fini les beaux principes et les déclarations de bonnes intentions ! Les syndicats patronaux, arguant d'une faible visibilité sur la situation financière des entreprises, ont demandé le report de la négociation des minima, à l'année prochaine. Rien de moins !

Force Ouvrière a fermement dénoncé une telle attitude contreproductive et ne saurait cautionner la dilution dans le temps, de négociations attendues par les salariés. Tout cela n'est pas sérieux !

Néanmoins, cette stratégie nourrie et encouragée par des années d'amitiés politiques avec les plus hautes instances de l'Etat, peut donner un véritable sentiment d'impunité. Il est temps que les comportements patronaux changent, d'autant que les atteintes à l'encontre des salariés ou des organisations syndicales sont désormais quotidiennes, que ce soit dans les entreprises de la Branche des Casinos ou dans les Groupes. Ainsi, le dialogue social en commission paritaire n'est que le reflet de ces pratiques de "voyous en col blanc".

Nous pourrions citer "en exemple", l'accord syndical signé dans le Groupe Barrière, qui limite la liberté de circulation des élus et représentants syndicaux, instaure un préavis de grève déguisé, inclut des dispositions dérogatoires interdites en vertu de l'article L. 2232-35 du code du travail et contrevenant au demeurant à des dispositions d'Ordre Public Absolu. Mais le contexte de la signature d'un tel accord pose des questions profondes, quant à sa légitimité. En effet, l'un des signataires était courtier en assurances (alors qu'il négociait en parallèle et à titre syndical, la mise en place de mutuelles et prévoyances de branche) et se retrouve, aujourd'hui, propriétaire d'un casino. D'ailleurs, au moment où l'accord a été signé, sa société (en charge de la reprise du Casino de Bagnères de Luchon) était déjà légalement constituée, et c'est donc un patron qui a signé un accord de Droit syndical, avec un autre "patron". Dans ce dossier, nous sommes au minimum confrontés à un conflit d'intérêts manifeste.

Mais bien au delà de ce simple constat, nous pouvons également nous questionner, sur les réelles motivations des signataires. Sont-elles véritablement syndicales ? Nous en doutons. S'il était avéré qu'ils aient bénéficié de quelconques avantages en contrepartie de leur signature, nous serions alors confrontés à un pacte corrupteur qu'il conviendrait de faire pénalement juger, avec la plus grande fermeté.

Aujourd'hui, le temps de l'action est venu et Force Ouvrière se doit d'agir pour faire cesser des pratiques indignes. Nous ne pouvons tolérer que les délégations patronales puissent, en toute impunité, geler l'intégralité des négociations, et démanteler les avantages acquis de travailleurs de nuit. Nous combattrons de manière virulente ces pratiques d'un autre âge, totalement rétrogrades et néfastes au salariat de la Branche des Casinos.

C'est en ce sens:

=> que nous avons demandé audience aux Ministres de l'Intérieur, du Travail, du Budget ainsi que de l'Economie et des Finances ;
=> qu'en parallèle, la Fédération des Employés et Cadres a commis un avocat afin de faire toute la lumière sur l'Accord de Droit syndical, ses conditions de conclusion dans le Groupe Barrière, et d'en demander l'invalidation judiciaire.

Par ailleurs, nous travaillons à la mise en place d'actions sur le terrain, afin de mettre en évidence la justesse de nos revendications, notamment dans le cadre d'une meilleure répartition des bénéfices des casinos, se traduisant par des augmentations dignes de ce nom. Les salaires et conditions de travail des salariés des casinos sont notre préoccupation première. Mais au delà de notre action militante, les salariés de la branche doivent également s'impliquer dans la défense de leur avenir professionnel.

Voici le message que nous faisons passer auprès des salariés des casinos : "Syndiquez-vous massivement, et rapprochez vous de vos élus et représentants Force Ouvrière, afin de mettre en place les bases de nos futures actions."

Le temps de la mobilisation a sonné !